David Widart est un photographe reconnu pour son travail incisif présentant des portraits forts et des fragments de ville. Il a exposé dans des lieux de référence en Belgique et à l’étranger, entre autres au Bozar à Bruxelles, au FOMU à Anvers et au Nederlands Fotomuseum à Rotterdam. Son livre La roue voilée a reçu le Prix Fernand Baudin à Bruxelles et une médaille de bronze au prix Best Book Design From All Over The World à Leipzig. L’exposition qui lui est consacrée à la Galerie Central est une plongée dans son impressionnante collection d’images démarrée en 2012, au moment où il commence à pratiquer la photographie argentique. On y retrouve ses thèmes de prédilection : l’urbain et l’être humain, montrés volontairement sous un jour imparfait.

 

Widart photographie des gens qu’il connaît ou non, qu’il rencontre dans son quotidien ou au hasard de ses voyages. Pour lui, la photographie est d’abord un prétexte pour explorer des mondes qui lui sont étrangers et pour créer un lien avec les personnes abordées. L’attrait du photographe pour des individus à l’apparence inquiétante, étrange, atypique ou au contraire très connotée génère une collection d’identités à la fois très différentes les unes des autres et pourtant liées, soit par une expression physique forte soit par des codes d’appartenance sociale. On reconnaît ainsi dans les images de Widart une communauté de communautés.

 

Le photographe accumule les portraits de manière presque boulimique et étend ainsi son territoire imaginaire. Ses photographies et ses notes sont pour lui avant tout les unités constitutives d’une banque de données personnelle.

 

« Yours, Mine, Done. », tiré d’un graffiti photographié à Los Angeles par Widart, fait écho à l’appropriation de l’image des personnes par le photographe. Ces mots soulignent aussi une certaine proximité qui s’établit entre le photographe et les individus rencontrés, la reconnaissance mutuelle d’une appartenance à des univers voisins.

 

En complément du travail de prise de vue, le photographe accorde une importance particulière aux moyens de monstration des images, produisant des installations uniques, fortement influencées par leur contexte. Widart peut ainsi, selon les cas, aussi bien utiliser des Xerox punaisés au mur que des tirages de luxe encadrés ou encore projeter ses images sur différents matériaux. Pour son exposition à la Galerie Central, l’artiste propose une sélection d’images inédites et présente, pour la première fois, son travail en couleur.

 

Christophe Collas, Septembre, 2016